Les parutions récentes des cours sur la sexualité, que Foucault a tenus à l’Université de Vincennes en 1969 et à l’Université de Clermont-Ferrand en 1964, et du quatrième volume de l’Histoire de la sexualité, Les aveux de la chair invitent à réinterroger son archéologie de la sexualité, une des entreprises les plus importantes du philosophe, comme une véritable œuvre processuelle. Elles permettent aussi de relire à partir d’une multiplicité inédite d’angles d’attaque les trois volumes de cette Histoire de la sexualité qui dénaturalise les cadres conceptuels selon lesquels la sexualité est pensée, en soumettant à une critique antihumaniste toute représentation de la sexualité basée sur une norme naturelle ou une essence humaine.
La matinée sera consacrée aux deux cours des années 1960. Qu’en est-il de ce jeu de la modernité entre la limite et la transgression, que Foucault confronte à l’émergence d’une conscience problématique de la sexualité et à sa constitution en objet possible pour certains savoirs ? Qu’est-ce que le « discours de la sexualité », cet ensemble de pratiques réglées, savoir social et anonyme qui s’élabore en discours scientifique et dont Foucault propose l’archéologie, en l’inscrivant dans les débats de l’époque à propos des rapports entre science et idéologie ?
L’après-midi portera sur les Aveux de la chair, dont la publication complète la série des recherches consacrées au projet de l’Histoire de la sexualité. En se focalisant sur les Pères de l’Église du IIe jusqu’au Ve siècle, ce texte vient clore l’exploration de la morale sexuelle de l’Antiquité, et lui offre de nouvelles perspectives. Qu’en est-il de cette notion de « chair », de la problématisation augustinienne du désir, des pratiques sexuelles et de la virginité qui répondent à l’exigence de manifester la vérité sur soi-même ? Les aveux de la chair permettent de mieux saisir les discontinuités introduites par le christianisme dans la morale sexuelle des philosophes dits « païens », et d’interroger sous un nouveau jour les premières hypothèses avancées par Foucault dans La volonté de savoir à propos de l’origine chrétienne de la sexualité moderne.